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PLACE DU MARCHE

(Décembre 1999 - numéro 20)

 

Ne variatur

"On ne s'en réjouira jamais assez, les prix à la consommation sont au plus bas", pavoise Le Parisien du 13 et 14 mars 1999, qui rapporte cependant: "l'évolution des prix sur les douze derniers mois atteint 0,2%, ce qui représente le taux d'inflation le plus faible jamais enregistré depuis 1953". Confusion: ce n'est pas parce que les prix montent peu qu'ils sont bas. Niveau n'est pas variation. Dit-on d'un alpiniste qui monte lentement qu'il se trouve à basse altitude? On peut se réjouir de trouver un produit à bon marché; on peut se réjouir que les prix n'augmentent pas; mais, ce n'est pas du tout la même chose.

Ce n'est pas tout. Plus loin, le même article s'indigne que les prix des transports aient augmenté sensiblement plus que l'inflation (c'est-à-dire, que la hausse moyenne des prix): 1,3% pour la SNCF et 3% pour le métro, contre 0,2%. D'accord pour les chiffres et admettons que ce soit beaucoup. Mais, l'auteur croit pouvoir rapporter ces deux hausses à la hausse d'ensemble en faisant une division des taux d'accroissement: 1,3 / 0,2 = 6,5 soit, écrit-il, "650% par rapport à l'inflation" et de même pour le métro: "1'500%!". C'est spectaculaire; mais, complètement dénué de sens. Supposons que l'inflation devienne nulle (aujourd'hui à 0,2%, elle a régulièrement baissé depuis plusieurs années: partie de plus de 10%, et encore autour de 2% il y a peu). Avec une inflation à 0%, il va falloir diviser la hausse du ticket de métro, quelle qu'elle soit, par zéro? Soit, un résultat infini! Méfions-nous des pourcentages de pourcentages…

 

Mélanie Leclair