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IL N’Y A PLUS DE JEUNESSE

(Novembre 2000 - numéro 23)

 

Afrique, la démographie est mal partie

Les indicateurs démographiques les plus courants ne devraient pas être difficiles à comprendre, car il s’agit de moyennes, de taux ou de proportions qui portent sur des réalités que tout un chacun peut observer : durée de la vie, nombre d’enfants par couple… Ils devraient donc donner lieu à moins de bourdes que les indices économiques : tout le monde n’est pas censé savoir la différence entre le PIB et le PNB, encore moins connaître leurs ordres de grandeur. Or, il n’en est rien. Dans Le Monde du 13 avril 2000, dans un encart d’un article fort instructif sur le Zimbabwe, qui donne quelques informations chiffrées de base sur le pays, on lit, entre autres choses :

Espérance de vie : 40 ans

Fécondité : 4 0/00

J’ai mis un moment à me demander ce que pouvait bien signifier ce 4 0/00. Réflexion faite, et après vérification, il s'agit du nombre moyen d’enfants par femme, égal à 4, tout simplement. Dans le même quotidien, peu de temps après, le 25 avril, dans un encart sur un autre pays africain, la Mauritanie, on lit "croissance démographique : 2,8 pour 1 000" [sic].

Réfléchissons un instant. Un taux d’accroissement de 1 pour 100 conduit à un doublement en 70 ans. Ces deux grandeurs, taux d’accroissement annuel et temps de doublement, sont à peu près inversement proportionnelles, c’est-à-dire, qu’un taux x fois plus faible conduit à une durée x fois plus longue. 2,8 pour 1 000, ou 0,28 pour 100, est 3,57 fois plus petit que 1 pour 100 (1 / 0,28). La durée correspondante est donc 3,57 plus grande que 70 ans, soit 250 ans, un quart de millénaire ! Si c’est ça l’explosion démographique du tiers monde ! Il fallait évidemment lire 2,8 pour cent, qui conduit à un doublement en 25 ans, ce qui est plus préoccupant. Admettons que ce fut une erreur d’inattention. Le même jour que le premier article du Monde, à France-Inter, à 8h20, un animateur, qui avait manifestement pris soin de préparer son interview, interroge un responsable d’une ONG en Éthiopie : "il paraît que dans cette région, le taux de mortalité des enfants avant cinq ans est de 170 pour 100 [sic] ?"

La réalité est déjà assez triste comme cela, inutile de faire mourir certains enfants deux fois.

 

Alfred Dittgen