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ÉCLAIRAGE

Juillet 2002- numéro 30 [Table des matières]

 

Pour beaucoup, tout le progrès de la civilisation moderne se réduit à la découverte et à la manipulation de machines merveilleuses qui nous passent devant les yeux, abrègent les distances du temps et des lieux, et multiplient notre force comme le télégraphe et la vapeur. Pour d’autres, plus myopes, le progrès consiste dans la conquête d’un certain nombre de principes, malheureusement davantage répétés avec des mots qu’avec des faits. Des principes tels que la liberté de pensée, la nation, le suffrage universel, etc., qui nous remplissent l’oreille si souvent que nous en avons l’esprit assourdi.

Pour moi, par contre, le vrai caractère qui différencie notre époque des époques anciennes est à chercher dans le triomphe du chiffre sur les opinions floues, sur les préjugés, sur les théories inutiles (…) qui empêchent tout progrès, toute application de la science (…). Le chiffre a pénétré avec sa force merveilleuse, dans le monde merveilleux de la vie et de l’intellect. Non seulement la plèbe, mais aussi les plus grands physiologistes avaient cru, jusqu’à présent, qu’il y avait un énorme fossé entre le monde de la vie et de l’intelligence et celui de la matière. On croyait les maladies, les suicides, les homicides, les aliénations mentales être la conséquence de forces mystérieuses (…). Mais le chiffre a montré le retour constant, périodique et nécessaire de ces événements malheureux. Le chiffre a libéré ces événements de l’incertitude du destin et nous a éclairés sur leur genèse véritable, le chiffre a abattu la grande barrière qui divisait le monde physique du monde moral et, qui plus est, nous a donné le moyen de prévenir ces événements ou du moins d’en minimiser les conséquences. »

 

 

Cesare Lombroso, « Pensieri e meteore » , Turin, 1878.
Texte proposé par Michel Porret, historien, Genève