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Lettre d'information de Pénombre

association française régie par la loi du 1er juillet 1901

Août 2004– numéro 37[Table des matières]

 

MELI-MELO

Il faut redoubler...de prudence

Dans son édition du 28 mai, Le Monde titre de façon péremptoire que “ le redoublement accroît le risque d’échec scolaire ”, en s’appuyant principalement sur les résultats d’une étude du ministère de l’Éducation nationale. L’étude compare les taux de réussite des redoublants à ceux des non- redoublants. Un quart seulement des redoublants du CP atteint la terminale et moins de 10 % d’entre eux obtiennent leur bac ; soit des taux très inférieurs à ceux des non redoublants. Le commentateur s’appuie sur ces chiffres pour conclure que “ le redoublement n’améliore guère les performances et peut même s’avérer contre-productif ” ! Cette conclusion me paraît être un raccourci tout à fait impropre et une interprétation excessive des chiffres.

Reprenons de façon schématique, et quelque peu “ brutale ”, le raisonnement : on fait redoubler “ les plus mauvais ” d’une classe ; on constate que ces “ plus mauvais ”, après redoublement, ont de moins bons résultats que “ les meilleurs ” (ceux qui n’ont pas redoublé), et ceci, malgré le fait qu’ils ont recommencé le même programme. Que peut-on en conclure ? Rien. Soit, le redoublement n’améliore pas les choses..., et dans ce cas, votre commentateur a raison, soit, au contraire, malgré le redoublement, “ les plus mauvais ” restent “ les plus mauvais ” !

En d’autres termes, la seule démonstration valable de l’efficacité – ou de la non efficacité – du redoublement serait d’analyser deux groupes de “ mauvais élèves ”, aussi similaires que possible, dont l’un des deux groupes aurait redoublé, et l’autre non ; en comparant alors leurs trajectoires scolaires et leurs taux de réussite on pourrait comparer l’effet du redoublement. Toute autre méthode ne peut qu’apporter de l’eau aux moulins de ceux qui veulent démontrer leurs propres idées préconçues ! D’ailleurs, mais en fin d’article et de façon semble-t-il accessoire, il est fait mention de conclusions d’une étude antérieure, publiée en 1983, qui comparait les résultats d’enfants de niveaux similaires de CP, dont les uns avaient redoublé et les autres non – seule méthode correcte pour une telle évaluation.

Ceci démontre, encore une fois, non pas la justesse de l’adage “ on peut faire dire n’importe quoi aux statistiques ”, mais, au contraire, que les statistiques sont utiles… à condition de bien s’en servir !

 

 

Jérôme Lion