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Lettre d'information de Pénombre

association française régie par la loi du 1er juillet 1901

Novembre 2004– numéro 38[Table des matières]

 

CLASSEMENTS

Nomenclatures et palmarès

Il est des comparaisons qui ne veulent rien dire car elles reflètent moins des écarts de performance ou de mérite que des différences de masses entre les entités comparées. D’autres fois, Pénombre avait ainsi fait remarquer que dire que « l’Île-de-France est la région la plus riche » parce qu’elle concentre une plus grosse part du revenu national que les autres résulte en bonne part du fait que sa délimitation est telle qu’elle englobe de toute façon une part importante (un cinquième) de la population.
Le Point (2 septembre 2004) nous donne un autre exemple : si au lieu de comptabiliser séparément les médailles olympiques des vingt-cinq États de l’Union européenne on les avait totalisées, on obtiendrait 228, soit plus du double des 103 des États-Unis, la nation la plus médaillée.
Lorsqu’on passe de l’individuel à la statistique et qu’on additionne des médailles, on exprime une réalité composite dont la démographie est en bonne partie responsable. On nous annonce, pour les prochains Jeux, que la Chine arrivera en tête de ce classement : regroupant le cinquième de l’humanité, ce ne serait pas surprenant. Ce qui est significatif est bien plutôt qu’elle ne fasse pas déjà ce score et l’événement sera qu’elle ne fera plus exception.

 


René Padieu

 

Les classements sportifs ont été évoqués à plusieurs reprises par Pénombre. Voir en particulier le n° 34 de la Lettre blanche (Dossier « Palmarès ») et la Lettre grise n° 7 « C’est la note qui compte ». Que le nombre de médailles dépende de la taille de la population a aussi été traité dans la rubrique courrier du Monde où un lecteur a proposé de compter le nombre de médailles par million d’habitants, et un autre a suggéré de compter, comme dans le Point, les médailles de l’Union européenne. Un Pénombrien réagit.

Pour que le nombre de médailles par million d’habitants de chaque pays représente une réalité, il faudrait aussi que le nombre d’athlètes admis à participer soit proportionnel au nombre d’habitants de chaque pays, ce qui n’est pas le cas. Le calcul du premier lecteur favorise au contraire les pays les moins peuplés, puisqu’à ceux-ci est attribué un nombre bien plus grand de participants par million d’habitants. Cette erreur ne sautant pas aux yeux, la classification obtenue est encore plus fallacieuse que celle du simple décompte de médailles.
Cumuler les médailles obtenues par les vingt-cinq pays de l’Union européenne est tout aussi loin de la réalité. Il aurait fallu ne prendre en compte que les meilleurs résultats en se limitant au nombre maximum d’athlètes autorisés à participer par catégorie et par pays. Plus proche en apparence de l’objectivité, ce résultat en serait lui-même loin, parce que le nombre total d’athlètes engagés par les 25 étant environ 25 fois plus grand que celui d’un seul pays, les aléas dans la sélection des participants et dans leur état de forme le jour de la compétition sont ainsi éliminés. Il est donc impossible de dire si l’équipe européenne souhaitée par les second lecteur ferait mieux ou moins bien que l’équipe des États-Unis.

 


Claude Willar