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Lettre d'information de Pénombre

association française régie par la loi du 1er juillet 1901

Novembre 2004– numéro 38[Table des matières]

 

CONFUSIONS ET INCERTITUDES

Chiffres avortés

Entendu (et vu) un reportage au J.T. d’Antenne 2, le jeudi 9 septembre 2004 à 20h25, à propos de l’avortement clandestin au Portugal. Le journaliste expliquait doctement à propos des complications de ces avortements « qu’une femme sur trois va aux urgences tous les ans ». Cela fait peur, une Portugaise sur trois irait aux urgences tous les ans. Je me suis dit que les services des urgences portugais étaient autrement plus importants qu’en France où l’on a du mal à admettre une faible partie de la population. Puis je me suis dit que si c’était vrai, toutes les femmes portugaises iraient aux urgences tous les trois ans ! Peut-être qu’elles ne se soignent pas autrement que par les urgences. Mais pourquoi les hommes ne font-ils pas de même ? Je me suis dit qu’au Portugal, il n’y avait pas encore la parité. Mais non, le manque de parité c’est quand il y a moins de femmes que d’hommes à se faire admettre aux urgences ; donc ce n’était pas cela. Peut-être que les Portugais sont très machos et qu’ils frappent leurs femmes tellement souvent qu’elles vont aux urgences tous les trois ans en moyenne ; mais je connais au moins trois Portugais qui ne frappent pas leur femme. Ce n’était toujours pas la bonne explication.
Alors, j’ai compris que c’était une femme sur trois femmes qui avaient effectué un avortement clandestin qui allait aux urgences à la suite de complications. Le nombre de femmes hospitalisées diminuait franchement !
Mais une autre question me venait aussitôt à l’esprit (pour un cerveau français à 20h26 c’est pas mal, mais il faut dire que je regarde peu la TV). On peut compter facilement les femmes qui se sont fait hospitaliser ; on peut savoir plus ou moins si elles ont effectué un avortement récemment. Et comme c’est interdit au Portugal, on peut en déduire facilement qu’il est clandestin.
Mais comment fait-on pour compter les deux autres femmes sur trois qui ont avorté sans avoir de complications ? Se manifestent-elles spontanément auprès de l’INSEE local ? Les RG locaux surveillent-ils particulièrement les femmes qui sont enceintes et ne désirent pas d’enfants ?
Le J.T. ne nous donnera aucune information là-dessus. Dommage ! On ne pourra donc pas vérifier si une information aussi précise que « Une femme qui subit un avortement clandestin sur trois a des complications qui nécessitent son hospitalisation » est fondée ou pas.

 


François Derminon