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Lettre d'information de Pénombre

association française régie par la loi du 1er juillet 1901

Mars 2005– numéro 39[Table des matières]

 

COMPARAISONS

Hommes très chers

Plus le monde change et plus ce qu’on en dit reste identiquement inchangé. Voilà-t-il pas que notre président vénéré (pas celui de Pénombre, mais celui de la République) profite de ses bons vœux aux « forces vives » de la nation pour décider qu’il faut faire quelque chose envers l’inégalité de salaire entre hommes et femmes. Le journal Le Monde en fait sa une (7 janvier 2005) et une pleine page à l’intérieur. On y apprend aussi que la ministre de la parité trouve cette déclaration opportune : pardi ! c’est la raison d’être de son maroquin. Et que l’opposition l’estime être un « gadget » : pardi ! le rôle de l’opposition est d’être contre.

Cela dit, quant au fond, ça commence à me les casser un peu (je parle de mes pieds). D’abord, la une du Monde dit que « l’écart continue de s’accroître ». On nous rapporte que, en 2002, les femmes gagnaient en moyenne 19 % de moins que les hommes. Vingt-cinq ans plus tôt, selon le rapport du CERC de 1977 (p. 196), ce même écart était de 34 %. Souhaitons que ça continue à se dégrader comme ça : à force de continuer à s’accroître il finirait par devenir nul…

En second lieu, si vous enjambez les titres du journal et les propos des politiciens, on vous apprend dans l’article que, une fois prises en compte les différences de qualification, d’âge, de secteur d’entreprise, etc., l’écart n’est plus que de 6 %. Si l’on vise à une meilleure égalité, ce n’est donc pas tant sur la discrimination salariale proprement dite qu’il faudrait agir, mais sur les critères de formation, de recrutement, de déroulement de carrière. Mais ici, on nous promet une loi (encore une !) contre les écarts injustifiables qui violeraient le principe « à travail égal, salaire égal ». J’appelle ça faire diversion. Et ça ne me divertit pas.

Et puis, je vais vous dire le fond de ma pensée. Si choisissant entre un travailleur et une travailleuse qui ont les mêmes aptitudes, un employeur embauche le garçon en le payant mieux que la fille, je me dis qu’il est bien bête, victime d’un préjugé coûteux.

Et puis, vous ne savez pas ce qui va se passer ? Quand vous constatez que les filles réussissent mieux dans leurs études (allez voir dans les lycées) : elles vont être plus diplômées. Déjà elles ont investi l’enseignement, la médecine et la magistrature. Prochainement la recherche et l’ingénierie industrielle ; puis, la banque. Comme les effets de la formation et du secteur sont déjà plus importants que la discrimination « pure », il n’est pas interdit de penser que, d’ici une génération, les salaires moyens féminins seront supérieurs à ceux des hommes. Et, ils vont nous coller un ministre de la parité et des discours et des lois contre une supposée discrimination à l’encontre des hommes. Et il va falloir que Pénombre reprenne les mêmes arguments, juste changés de sens, sans que les politiques aient plus de bon sens!

 

Mélanie Leclair