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Lettre d'information de Pénombre

association française régie par la loi du 1er juillet 1901

Mars 2006– numéro 42[Table des matières]

 

LIVRES ET PRESSE


Olivier Martin, L’analyse de données quantitatives, série L’enquête et ses méthodes, Armand Colin.

Le saviez-vous ? Les journalistes ne sont pas les seuls à éprouver quelques difficultés avec les chiffres. Certains sociologues aussi. Raison pour laquelle Olivier Martin commence son livre par une promesse : favoriser « l’exposé des principes, des logiques, des intérêts et limites des outils statistiques, au détriment des aspects mathématiques et calculatoires ». Promesse de dentiste ? Un peu sans doute, même s’il est possible de lire ce livre en ne retenant des formules mathématiques qu’on y trouve que leur aspect purement esthétique. D’ailleurs elles sont toujours plus ou moins « traduites » en langage courant. Ainsi rassuré, le lecteur non formé aux principes de base de la statistique doit pouvoir comprendre comment on construit des échantillons représentatifs, comment on procède à un test d’hypothèses sur les résultats obtenus avec ces échantillons, comment se mène l’analyse des variables de base et leur combinaison en variables synthétiques. S’il poursuit sa lecture (mais il pourrait aussi commencer par là), il s’aventurera vers le chi-deux, les corrélations linéaires et quelques méthodes plus complexes d’analyse des relations entre variables. Ces explications à faible degré de technicité devraient être utiles à toute personne qui se risque à mettre en pratique ces outils statistiques, sans trop savoir comment « ça marche », en profitant de la relative facilité d’accès à ces outils que procurent les logiciels de type « tableurs ». Les sociologues ne sont pas les seuls à prendre ce risque...

Enfin en lisant ce livre, les journalistes, justement, pourraient mieux saisir ce qui se joue derrière ces intervalles de confiance, tests statistiques, corrélations, régressions, variances (un index permet de retrouver le bon usage de ces termes) et ainsi comprendre plus facilement les sociologues qui peuvent avoir eux-mêmes quelques difficultés à exposer la richesse de leurs résultats. Et si parfois, ça peut arriver quand même, les sociologues et les journalistes continuent à se fourvoyer dans leur usage des méthodes statistiques, leurs lecteurs auront intérêt à consulter cet ouvrage pour critiquer le résultat final. Mais que l’on se rassure, l’auteur est d’entrée pragmatique et laisse la porte ouverte aux repentants : « La recherche suppose des compétences, mais aussi pas mal d’improvisation et de tâtonnements. Il ne faut donc pas hésiter à remettre l’ouvrage sur le métier ».

 

Baptiste Viredaz, Le sentiment d’insécurité : devons-nous avoir peur ? Collection La quest¿on, Les éditions de l’Hèbe, Grolley, Suisse.

Derrière ce titre accrocheur se cache une entreprise de vulgarisation scientifique. Baptiste Viredaz tente de répondre à la question posée dans le titre de l’ouvrage à partir des travaux des sociologues et criminologues. Les résultats de recherche sont ainsi résumés au fil des réponses à 21 questions détaillant la question de départ. Certains sont présentés en prenant du recul par rapport à des affirmations parfois un peu rapides (« Les gens ont-ils peur dans les transports publics ? », « L’immigration a-t-elle un impact sur l’insécurité ?»), certains reflètent des points de débat entre chercheurs (« Quel est le véritable lien entre la criminalité et le sentiment d’insécurité ? »), d’autres s’intéressent aux solutions avancées pour remédier à l’insécurité ou au sentiment d’insécurité (« Quel rôle peut jouer la police face à l’insécurité ?»). La part la plus importante des travaux cités concerne la Suisse. Le livre sera peut-être donc davantage lu dans ce pays. Quoique…

Mais au fait, qui est Baptiste Viredaz ? Lisez la page 9 du livre pour le savoir. Cette page omet une information essentielle pour nous : il assure l’édition du site de Pénombre, hébergé par l’Université de Lausanne.

Commander ce livre

 

Philippe Robert, La sociologie du crime, collection Repères, La Découverte.

La rubrique « Délinquance » du site Internet de Pénombre est l’une des plus fournies, ce qui se comprend de par les origines de l’association. Le nombre et le crime ont partie liée de bien des façons. On pouvait lire dans une édition du Grand Larousse encyclopédique de 1890 à l’entrée « Criminalité » : « La criminalité est constatée uniquement par les Comptes généraux de l’administration de la justice criminelle, publiés chaque année depuis 1826 par le ministère de la Justice ». Mais de nos jours, les données chiffrées sur la criminalité doivent être mises au service de notre approche du crime et non l’enfermer dans des interprétations douteuses. D’où l’intérêt de connaître les diverses théories sociologiques du crime sous ses différents aspects (incrimination de certains comportements par le droit pénal, transgression des incriminations, processus de répression des transgressions).

Ce qui se trouve dans une littérature scientifique très abondante et le plus souvent anglophone, Philippe Robert nous le rend tout à fait accessible dans ce court ouvrage. Pour aller au delà des nombres en matière pénale…

 

Dans la jungle médiatique

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