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Allez les filles !

DES CENTAINES de « profs de maths » passant leurs premiers jours de vacances à écouter, apprendre, et réfléchir ensemble à leur métier, cela a de quoi étonner, non ? C’est pourtant le cas chaque année à l’automne. Cette année, ils étaient un millier à Paris pour les journées nationales de l’APMEP (association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public). Une trentaine d’entre eux ont passé une matinée en atelier « Chiffres en folie » avec Pénombre.

10 000, 73, 65 031 022, et quelques autres nombres extraits des dernières Lettres blanches ont permis une présentation de l’association. Vous souvenez-vous de quoi parlent ces nombres ? Tous seuls, ils ne parlent que d’eux-mêmes ; dans le débat public, c’est, comme dit Stella Baruk, de « nombres de » dont il est question la plupart du temps, et ces nombres ont besoin de contextes, d’unités, de références, ils ont besoin de mots, mais pas de n’importe lesquels, pour avoir du sens…

Béatrice Beaufils, qui enseigne les statistiques à des étudiants en psychologie, a cherché ensuite à comprendre avec les enseignants présents pourquoi ses étudiants disaient qu’ils n’étaient pas bons en maths dès qu’elle leur parlait de stat ! Sur quelques exercices pris dans les chapitres de statistique au programme de la classe de seconde (voir un extrait ci-dessous), elle a montré que la logique de ces exercices était de faire des maths dans un contexte très artificiel, sans intérêt du point de vue de la statistique. La plupart des enseignants présents étaient relativement d’accord avec ce constat, ajoutant au passage que de nombreux collègues du secondaire n’ont jamais étudié la statistique avant de l’enseigner. Les jeunes, mieux formés, se désolaient d’ailleurs d’avoir tout à reprendre

Enfin, Jean-René Brunetière a choisi quelques nombres dans les articles de la presse du jour pour lancer un débat. Précisant au préalable que l’enseignement des maths est d’abord celui d’une discipline en tant que telle, la question posée était : d’après vous, l’enseignement des mathématiques dispensé en collège et en lycée, spécifiquement, facilite-t-il la compréhension et l’implication des adultes dans le débat public et la vie politique de la société actuelle en France ?

Plutôt que de vous raconter le débat, nous avons envie de le continuer avec vous, vous qui avez tous été élèves, et qui avez peut-être suivi la scolarité de vos enfants ou de vos petits-enfants.

Qu’en pensez-vous ? Le débat est ouvert !

1/ Dans une classe, la moyenne des 10 garçons est 9 et la moyenne des 24 filles est 11,125. Quelle est la moyenne de la classe ?

2/ Dans une classe de 32 élèves, les filles ont 10,8 de moyenne et les garçons 9,6. La moyenne de la classe est 10,275. Combien y a-t-il de filles et de garçons dans la classe ?


Exercices de statistique ou de mathématiques ????

Première surprise, quand on fait des statistiques, on ne se pose pas ce genre de questions : on a recueilli les données et donc on calcule les moyennes directement sur ces données. Bien entendu, cet exercice peut apparaître comme un exercice pédagogique destiné à savoir si l’élève a bien compris comment on calcule une moyenne et, accessoirement, s’il sait résoudre un système à deux équations. Remarquons l’extrême précision (arithmétique) des moyennes proposées, trois chiffres après la virgule pour des données qui, au mieux, en comportent un et remarquons également l’absence d’unités : il s’agit de notes et il est rare que l’on indique qu’il s’agit de points. On ne sait donc pas trop ce qu’on a additionné dans . On a bien manipulé des nombres, pas des données.

La rédaction
 
 
Pénombre, Janvier 2011