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Allez les garcons !

UNE DÉPÊCHE comme tant d’autres, reprise sans distance par la rédaction d’un quotidien, c’est une chose banale. Mais ce jour-là, la rédaction venait de recevoir de Monsieur Ch. Elek un courrier interrogatif à propos des « statistiques comparatives concernant le nombre de partenaires amoureux pour les femmes et les hommes, les seconds en déclarant en moyenne beaucoup plus que les filles ». Alors voici d’abord l’article paru sur le site Libération le 10 mars 2010 (en italiques) entrecoupé des coups de griffe d’Alain Gély (en romain). Ensuite une première explication possible donnée par Michel Bozon.

Les hommes sexuellement plus souvent actifs que les femmes avec l’âge

C’est la conclusion d’une étude publiée ce mercredi par le British Medical Journal. À 55 ans, les hommes ont encore en moyenne près de quinze années de vie sexuelle contre dix ans et demi pour les femmes.

J’adore le « et demi ». Pourquoi pas une estimation du nombre de trimestres, voire de mois ?

Les hommes ont deux fois plus de chances que les femmes d’être sexuellement actifs à des âges avancés, mais, quel que soit le sexe, être en bonne santé est déterminant pour le bien être sexuel une fois ces âges venus, selon une étude publiée mercredi par le British Medical Journal.

La notion de bien-être sexuel me semble distincte de celle d’activité sexuelle (le parallèle avec le bien-être au travail s’impose ici), mais admettons qu’on cherche simplement, ici, à varier le vocabulaire…

Se fondant sur deux enquêtes auprès de la population américaine, l’étude montre que le fossé, qui se creuse avec l’âge, est nettement plus profond parmi les 75-85 ans. Près de quatre hommes sur dix dans cette tranche d’âge se disent sexuellement actifs contre moins de deux femmes sur dix (17 %). Être marié ou avoir un partenaire intime réduit cependant ces différences, relève la revue.

Le contraire - si les différences étaient encore plus accusées chez les personnes mariées ou « ayant un partenaire intime » - serait préoccupant… Mais on aimerait en savoir un peu plus ici.

Une enquête (1995-1996) portait sur quelque 3 000 personnes de 25 à 74 ans et l’autre (2005-2006) sur un nombre équivalent de gens âgés de 57 à 85 ans. La vaste majorité (95 à 97,8%) se définit comme hétérosexuelle.

À quoi correspondent, respectivement, 95 et 97,8 ? Si ce n’est pas un intervalle de confiance - mais pourquoi y en aurait-il un seulement ici ? - cela signifierait qu’il y a deux fois plus de « non hétéros » dans le second groupe que dans le premier. Deux fois moins en 2006 qu’en 1996 ? Deux fois moins chez les femmes que chez les hommes ? Ou l’inverse ?? Ou encore autre chose ???

À 55 ans, les hommes ont encore en moyenne près de 15 années de vie sexuelle contre dix ans et demi pour les femmes
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Comme l’espérance de vie à 55 ans doit être, pour les femmes, d’environ 5 ans supérieure à celle des hommes, on peut donc en déduire ce fait qui mériterait commentaire : les hommes survivent, en moyenne, 10 ans de moins que les femmes à la fin de leur activité sexuelle. Ce « message » me semble fondamental !

Parmi les 75-85 ans, 41,2 % des hommes se disent intéressés par le sexe contre 11,4 % des femmes.

C’est un sujet un peu différent. Si, comme il est dit plus loin, l’activité sexuelle est déterminée par la pratique des six ou douze derniers mois, il est clair qu’on peut être très intéressé - voire obsédé - par le sexe si on n’a pas pu être « actif » au cours du dernier semestre ou de la dernière année, alors qu’on l’aurait souhaité.

Dans cette tranche d’âge, parmi ceux déclarant une vie sexuelle, 70,8 % des hommes la jugent satisfaisante contre à peine plus d’une femme sur deux (50,9 %).

Et combien de ceux, et de celles, qui n’ont pas eu d’activité sexuelle depuis six mois ou un an jugent-ils (et elles) cette situation satisfaisante ?

L’enquête confirme que ces différences sont en partie explicables par le statut conjugal (être marié ou avoir un partenaire ou non).

Dommage qu’on n’en dise pas plus ici, ce qui permettrait d’affiner - chez les plus de 55 ans ayant un ou une partenaire - les différences de déclarations entre les uns et les autres. Mais il est vrai que l’interprétation de la probable divergence serait aussi délicate que pour la population générale.

Quasiment les trois quarts des hommes, dans tous les groupes d’âge, indiquent avoir une partenaire. Alors que cette proportion tombe à moins de quatre sur dix (38,5 %) chez les femmes de 75 ans et plus.

Combien, chez les hommes d’une part et chez les femmes d’autre part, de « partenaires (sous-entendu sexuels) inactifs (sous-entendu sexuellement) » ?

Les personnes en bonne santé ont pratiquement deux fois plus de chances de s’intéresser au sexe comparées à celles en mauvaise santé.

Il est possible aussi que le sexe « s’intéresse » moins aux personnes en mauvaise santé qu’aux personnes en bonne santé…

Toutefois, si l’espérance de vie sexuelle active est plus grande chez les hommes, ces derniers perdent plus d’années de sexe actif que les femmes, du fait d’une mauvaise santé, selon l’étude.

C’est le bouquet final ! Est-ce l’activité sexuelle qui conserve les hommes en bonne santé (plus que les femmes ?) ou la bonne santé qui leur permet de rester sexuellement actifs (moins que les femmes) ? Est-ce que « au bout du compte » les hommes en mauvaise santé sont plus ou moins actifs sexuellement que les femmes en bonne santé ? Ou si ce n’est plus vrai à partir d’un certain âge quel est cet âge critique ? On croit savoir par ailleurs que les personnes qui vivent en couple vivent plus longtemps que les personnes qui vivent seules. Est-ce encore plus vrai - ou moins, et dans quelle mesure - quand ils sont, par exemple, sexuellement actifs et en mauvaise santé, vivant en couple avec une personne sexuellement inactive et en bonne santé ? Je passe sur les trois autres cas.

L’activité sexuelle correspondait à au moins un rapport dans les six mois dans la première enquête et un dans les 12 mois précédents dans la deuxième enquête. (Source AFP)

Une remarque finale : si les Américains déclarent beaucoup plus de relations sexuelles que les femmes du même pays, cela prouverait mathématiquement que ces hommes ont beaucoup plus de relations soit entre eux, soit avec des étrangers ou étrangères que leurs compatriotes du « beau sexe ». Non ??

Alain Gély


Pénombre, Janvier 2011