Pénombre, la vie publique du nombre

Chiffres en l’air

Pour défendre la taxe Chirac sur les billets d’avions, Thierry Breton, notre ministre des Finances, a déclaré « Les passagers aériens comptent rarement parmi les pauvres ». Ce à quoi M. Bisignani directeur général de l’IATA (Association internationale du transport aérien) a répliqué : « Nous devons tuer ce mythe. Le transport aérien n’est pas réservé à quelques privilégiés ; il est utilisé par près de 2 milliards de personnes par an !… » (Le Monde du 3 juillet 2006).

Si on met ce chiffre en face des six milliards (un peu plus) d’humains que compte la Terre, on a tendance à en conclure que près d’un tiers d’entre eux prennent l’avion chaque année. C’est-à-dire que ce moyen de transport est devenu aussi commun que le métro. Or, certains prennent l’avion plusieurs fois par an, voire de très nombreuses fois, en particulier ceux qui voyagent pour leur travail ou leurs affaires, ou encore de nombreux Étasuniens qui le prennent comme nous prenons le train. Le nombre de personnes différentes à emprunter ce moyen de transport est donc considérablement moindre que celui des passagers. Il n’y a sûrement pas que des riches dans les avions mais tous les pauvres sont loin de s’envoyer en l’air.

Jean Célestin