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Comptes immoraux

LA FAO publie son rapport (voir le commentaire de Pierre Georges dans Le Monde du 16/10/02). Pour tirer de leur disette les sous-alimentés de la Planète dans le délai raisonnable d’une dizaine d’années, elle estime qu’il faudrait en voir le nombre diminuer de 24 millions par an. Et, elle calcule que cela coûterait 24 milliards d’euros par an. Ça met donc le sauvetage du Bengali ou de l’Africain famélique à 1 000 euros par tête…

C’est donné ! 1 000 euros par an, c’est à peu près le dixième de ce que gagne un smicard français. Soyons solidaires : smicards, mes frères, cotisez-vous ! Notons aussi que c’est la moitié de ce que propose le gouvernement français pour renvoyer un pensionnaire de Sangate là d’où il n’aurait pas dû partir.

On peut calculer encore autrement. 24 milliards d’euros, c’est un peu moins de 2 % du revenu national de la France. En partageant ça entre quelques pays riches (Arabie Saoudite, États-Unis, …), on ne s’en apercevrait même pas.

Une adhérente, Michèle Biégelmann, attire notre attention sur le texte d’une affiche d’Action contre la faim, placardée en octobre 2002, affirmant qu’une personne meurt de faim toutes les 4 secondes. Or, l’OMS donne pour 2000 (« Rapport sur la santé dans le monde 2001 »), 445 000 par carence nutritionnelle sur 55 694 000 décès au total, ce qui est une évaluation par excès des décès dus à la faim, puisque dans ce nombre un peu plus de la moitié résultent de malnutrition protéino-calorique, c’est-à-dire, d’une nourriture insuffisante, et le reste et diverses carences nutritionnelles dues à une nourriture mal adaptée. Mais gardons ce nombre de 445 000. Il conduit à 1 219 décès par jour et 51 par heure, soit moins d’un décès par minute (en moyenne évidemment). On est loin, très loin, d’un décès toutes les 4 secondes.

Les décès par faim restent nombreux, trop nombreux et doivent nous « interpeller ». Inutile d’en rajouter.


 

 
Pénombre, Avril 2003