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Courrier

IL Y A EU DERNIEREMENT une émission où le PDG de France Télévisions venait expliquer au contribuable à quoi servait sa redevance. Je ne l’ai pas vue, mais il y a eu des articles dans la presse (notamment dans le Monde du 10/12). M. Tessier a assuré que la redevance ne servait qu’au financement des programmes. Extrait de l’article : “ Concernant la grille des programmes de France 2, France 3 et France 5, M. Tessier a rappelé que “chaque euro issu de la redevance est investi dans l’achat et la production de programmes”. Selon les chiffres fournis par France Télévisions, les 116,5 € [ou plutôt les 68,8 versés à France Télévisions] perçus par foyer se répartissent de la façon suivante : information (20,1 €), sport (8,1 €), magazines (11,6 €), jeux et divertissements (6 €), et création (20 € répartis entre le cinéma, la fiction, les programmes jeunesse, les documentaires). Les 3 € restants sont attribués aux autres programmes. ”

C’est complètement hypocrite : on peut tout aussi bien dire que la redevance finance les frais de fonctionnement du siège et que c’est la publicité qui finance les programmes ! J’ai toutefois l’impression d’être, pour le moment, bien seule à partager cette opinion... Qu’en pensez-vous ?

Évelyne Piffeteau
 

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Chers amis,
Réagissant à la lecture du bas de la colonne de droite de la page 8 du numéro 35 (décembre 2003) de la lettre d’information de Pénombre, je vous rappelle que l’état civil du Régent du collège de pataphysique, fondateur de l’ouvroir de littérature potentielle (OULIPO), est “ François le Lionnais ” et n’a, sauf preuve contraire, pas de “ y ” dedans.

Gérard Lang


NDLR : On ne peut décidément pas faire crédit au Lyonnais
 

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En abordant, justement, le problème des retraites sous l’angle de la justice et non plus sous celui de la comptabilité, Alfred Dittgen abandonne le terrain des nombres. On ne saurait lui en tenir rigueur. Son article démontre clairement qu’il n’est pas équitable que ceux qui bénéficient le moins longtemps de la retraite soient ceux qui cotisent le plus longtemps. Il montre tout aussi clairement la difficulté à déterminer, de façon pertinente et pérenne, l’âge juste de départ à la retraite en fonction de catégories sociales.

Après avoir constaté que le système actuel, fixant le moment du départ à la retraite en fonction de l’âge, amène ceux qui ont commencé plus tôt leur activité rémunérée à cotiser plus longtemps (trop longtemps), il préconise de se contenter de fixer uniquement la durée de cotisation (cela permettrait de rééquilibrer le temps de travail et celui de repos des diverses catégories sociales), rejoignant en cela Jacques Bichot, qui préconisait le 10 mai 1999 : une “ proportionnalité entre nombre d’annuités et droits à la retraite ”.

Il s’agit d’un des points que je considérais comme positifs dans son rapport sur les retraites destiné aux “Amis de Jacques Chirac”. J’avais noté d’autres aspects positifs dans ce rapport, en particulier J. B. disait : “ Une nation est mal partie si les contrats, les engagements et les lois sont des chiffons de papier, si l’État s’autorise (et, le cas échéant, autorise d’autres agents) à changer rétroactivement les règles du jeu ”.

Il apparaît malheureusement que c’est précisément ce qui a été fait avec les “ réformes ? [1] ”des retraites : 40 années de cotisation au lieu de 37,5 ; calcul sur les 25 dernières années au lieu des 10 meilleures ; les nouvelles règles s’appliquant rétroactivement aux années déjà cotisées. Je ne sais si cela est équitable mais il me semble que c’est malhonnête !

La seule façon à la fois équitable et honnête aurait été d’harmoniser par le haut.

Pour aller vers plus de justice encore Alfred Dittgen, considérant que plus on commence tôt à travailler, plus on exerce un métier pénible, préconise de faire cotiser plus longtemps ceux qui ont commencé tard à travailler. Il s’agit là certainement d’une provocation. Les études ne sont plus à l’heure actuelle une garantie de trouver, et de conserver, une situation conforme à sa formation.

Il est intéressant de noter qu’Alfred Dittgen ne considère pas les études comme un travail. D’un simple point de vue de gestionnaire, la société ne doit-elle pas considérer les études comme un investissement dont elle percevra les fruits durant la période de production ?

De même, Alfred Dittgen n’envisage pas que certains, rares il est vrai, puissent effectuer des études sans l’appui de leurs parents.

Jean Goffredo

[1] “ réforme “ selon Le Robert : Amélioration apportée dans le domaine moral ou social. Il ne me semble pas qu’une augmentation de la durée de cotisation combinée à une diminution des taux aille dans le sens d’une amélioration.
 

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Dans son article “ Du nombre des noms ” de la lettre de juillet 2003, A. Dittgen “ signale ” une inégalité entre les sexes puisque le Code civil n’autorise le mariage des hommes qu’à partir de 18 ans alors que les femmes pourraient “ convoler ” à partir de 15 ans ? Qu’est-ce à dire ?

“ Convoler ” est emprunté au bas latin juridique qui signifie “ se remarier ” (VIe siècle. Code Justinien : “ convolare ad secondas nuptias ”). Le bon usage, tombé en désuétude, je vous l’accorde, consiste à employer ce mot lorsqu’il s’agit d’un nouveau mariage.

Ainsi, que l’on soit homme ou femme, on “ convole ” en deuxièmes, troisièmes noces, et si l’on suit A. Dittgen, pour “ convoler ” dès 15 ans la jeune femme devrait avant cela avoir déjà contracté un premier mariage. L’inégalité se creuse de plus en plus.

Quant à “ convolant ”, le Robert Historique nous précise qu’il ne s’est pas répandu. On respire !

Gilbert Berlioz
 

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L’adhérent et professeur de mathématiques que je suis lis avec un certain énervement la phrase suivante, tirée du supplément “ Argent ” du Monde daté du 11-12 janvier 2004 (page I, encadré “ Tendance ” : La croissance par l’emprunt ?) :
“ Au regard de celui de leurs voisins européens, le niveau d’endettement des Français est encore faible [...]. Seuls 15 % des ménages français sont surendettés, ce qui reste faible au regard des autres pays de l’Union (16 % en moyenne) : cette part atteint 49 % en Grèce, 25 % en Irlande, 23 % en Espagne, ... ”

Alors, 15 %, c’est faible à côté de 16 % ? Remarquer l’utilisation judicieuse des exemples extrêmes, accolés à “ autres pays ”, quand la vraie moyenne est discrètement dans la parenthèse. Remarquer aussi, dans la première phrase le “ encore faible ”, comme si le phénomène était inéluctable !

Vous aurez ainsi deviné le contexte : il s’agit des propos d’un député défendant un projet de loi visant à développer le crédit gratuit et promotionnel, et qui n’a pas peur d’augmenter les surdendettements (pour aider la croissance) !!!

Ah, je verrais bien un dossier de Pénombre sur cette fichue “ croissance ” et ce qu’elle signifie, ou ne signifie pas...

Djamal Echikr
 

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La lecture des brèves page 17 de votre dernière lettre m’oblige à me demander si vos membres ne manquent pas d’informations sur les comportements et les usages d’une catégorie socio-professionnelle sans doute sous-representée dans l’association, les “ petits patrons ou artisans ”.

Rappelons pourquoi l’auteur est étonné : “ Les prestataires n’ont pas le droit de travailler à l’heure, mais doivent être rémunérés à l’hectare pour prendre le temps de bien faire les choses ”. Pour lui, il s’agit d’un raisonnement impossible (sous l’emprise du vin) ; en effet pour l’auteur, suivant que l’on est payé au forfait (à l’hectare) ou à l’heure, on va travailler plus ou moins bien et, en particulier, l’artisan (nécessairement fainéant ou exploiteur) travaillera moins bien si il est payé à l’heure plutôt qu’à la tâche. Cette mentalité est probablement celle rencontrée par l’auteur autour de lui dans ses rencontres professionnelles ou personnelles, mais ce n’est pas celle que j’ai pu rencontrer dans les miennes.

Il se passe assez souvent dans ces milieux professionnels exactement le contraire ; voici pourquoi : les différentes réglementations de nos chères institutions font que les tarifs horaires réglementaires sont extrêmement élevés pour certaines tâches à faible valeur ajoutée, il en résulte que personne n’est prêt à payer le coût réel (nombre d’heures x prix de l’heure). Au final, l’artisan honnête et voulant bien faire son travail facturera un forfait et y passera souvent plus de temps. À la fin de la semaine, il aura largement dépassé le quota des 35 heures de professions privilégiées comme les nôtres.

Voilà, c’était juste pour remarquer comment les a priori idéologiques peuvent faire “ de l’ombre ” au raisonnement simple et factuel.

O. Coppet
 

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J’ai le plus grand respect pour les artisans et, vivant dans un village bourguignon, j’en côtoie un certain nombre. Dans leur très grande majorité ils sont compétents, sympathiques et se comportent avec un grand sens de leurs responsabilités vis-à-vis de leurs clients. Je n’ai jamais exercé de “ professions privilégiées ” dont l’horaire serait limité aux 35 ou 39 heures hebdomadaires et je ne crois pas, en la matière, qu’il y ait le moindre a priori idéologique de ma part. Ma brève ne mettait donc nullement en cause telle ou telle pratique des prix, ni le problème des charges et des réglementations. Je pointais simplement un raisonnement, paru dans un journal, sans autre contexte explicatif, qui disait que si on veut que le travail soit bien fait il faut le rémunérer à l’hectare et non à l’heure. Et il me semble que j’étais tout à fait dans mon rôle de Pénombrien de pointer ce raisonnement que je continue à penser comme “ étonnant ”. Peut-être que derrière cela il y a des arguments comme ceux que vous citez, mais ils ne figuraient pas dans l’article et il n’appartient pas au lecteur de faire un procès d’intention dans un sens ou l’autre. Bien à vous et merci de réagir, preuve que nos textes sont lus avec attention !

Daniel Reisz
(petit-fils et neveu de viticulteurs alsaciens, vendangeur régulier et bénévole depuis que je suis à la retraite)
 

Pénombre, Mars 2004