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Joyeuse inflation

En février 2003, contrairement aux mois précédents et aux années passées, les prix en France ont beaucoup augmenté : de 0,7 % . Un tel taux maintenu sur une année conduirait à un accroissement de près de 9 %, ce qui est beaucoup. Personne ne se réjouit de ce chiffre, ni les journalistes qui l’annoncent, ni les politiques qui le commentent, ni les consommateurs qui le subissent. Pourquoi ? Parce qu’un renchérissement des prix diminue le pouvoir d’achat. Cela va de soi. Voire.

À la même époque et depuis quelque temps les prix de l’immobilier flambent. Or cela fait l’objet de titres du genre : « L’étonnante vitalité du marché du logement fait encore monter les prix », ou mieux : « Le marché immobilier parisien affiche une santé insolente ». Ces deux titres sont du Monde (20 mars 2003), mais cette présentation positive des choses, ici en employant les mots vitalité et santé, est générale.

Évidemment, on peut dire qu’un prix qui augmente, s’il fait le malheur de l’acheteur, fait aussi le bonheur du vendeur, et qu’en ce qui concerne le logement - contrairement aux biens et services courants - on privilégie le vendeur. Mais pourquoi ? Le logement peut certes être un investissement, dont on attend que la valeur augmente, comme celle des actions ou des œuvres d’art. Mais il est d’abord une nécessité, un bien plus essentiel que le yaourt goût coca cola (ça existe, si, si…) ou le dernier modèle Nike. Personne n’est obligé d’avoir une dame nue de Rubens accrochée au-dessus de son lit, mais tout le monde a besoin d’un logement pour poser son lit.

J’avoue ma perplexité. Alors si un Pénombrien futé et compatissant ou le beau-frère de sa voisine qui a justement étudié cette question pouvait éclairer ma lanterne, je lui en serais infiniment reconnaissant.

Jean Célestin

 
Pénombre, Juillet 2003