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L’optimisme fécond (sic)

Le nombre de naissances en France s’est redressé de quelque 2% en 1998 par rapport à 1999. La Presse unanime s’en est félicitée. Cela étant, Le Figaro (9 février 1999) tempérait cet enthousiasme : c’est un sursaut dans un déclin de plusieurs années et l’indicateur conjoncturel de fécondité ne remonte qu’à 1,75 enfant par femme. Il avait raison : une hirondelle ne fait pas le printemps.

Pourtant, le même Figaro, perdant cette louable retenue, avait trouvé (v. Pénombre n° 17) qu’avec 42 optimistes pour 58 pessimistes, soit un indicateur synthétique égal à -16, les Français étaient "très optimistes". Entre-temps, cette proportion s’est encore améliorée : l’indicateur est monté à -7 en février, donc encore négatif. Ce journal comme ses confrères ont salué ce sommet "historique".

Or, le même article, du 9 février, établit un lien entre ce regain de natalité - à relativiser - et le moral des Français "qui le montrent en faisant des bébés". Il ne va pas jusqu’à relativiser aussi cet optimisme nouveau.

Il est vrai que la formule du Figaro reste modérée. L’éditorialiste des Échos (9 février aussi) n’y va pas par quatre chemins, lui : "les optimistes y ont spectaculairement distancé les pessimistes". Ils sont devant, à 7 mètres en arrière !

Mais, ce n’est pas fini. Six mois plus tard, avec une cote encore à -8, l’optimisme est devenu euphorie ! C’est l’AFP qui nous le rapporte (4 août 1999). Libération en fait même sa une, qui titre "l’été de l’euphorie". L’AFP nous révèle aussi que ce n’est pas un journaliste dithyrambique qui le dit : c’est "un des principaux conjoncturistes de l’INSEE". Si c’est l’expert qui parle, nous n’avons qu’à nous incliner.

Mélanie Leclair

 
Pénombre, Octobre 1999