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La cause des femmes

Vendredi 8 mars, Journée de la femme. France-Inter 8h20, interview d’Arlette Laguiller. La défenseure des exploités prend fait et cause ce jour-là pour les femmes, toutes les femmes. Même Ingrid Bettancourt, qui à ma connaissance n’est pas particulièrement représentative du monde prolétaire, mais qui s’est malencontreusement jetée dans la gueule des FARC, trouve grâce à ses yeux. Mais à 8h30, le « revueur » insinue que les femmes ne semblent pas avoir toutes les qualités, puisque, paraît-il, elles votent plus à droite que les hommes et, comme elles représentent 53 % du corps électoral, risquent de faire basculer le résultat du mauvais côté. Il interpelle à ce propos Arlette. Réponse (de mémoire) de l’intéressée très embarrassée : « Euh… ça m’étonne,… de toutes façon, on verra bien lors des prochains scrutins ». Un des animateurs : « il paraît que cela vient du vieillissement de la population ». On en reste là.

En effet, l’explication réside, en partie ou en totalité, dans la différence de structure par âge des hommes et des femmes. Les vieux votent plus à droite que les jeunes. Cela est confirmé par un sondage Le Monde/RTL/TF1 du lendemain, qui indique que les jeunes préfèrent Jospin et les vieux Chirac. À supposer qu’à chaque âge, les femmes votent comme les hommes, comme elles sont globalement plus vieilles que ceux-ci, cela aboutit mécaniquement à un vote plus à droite. Mais cette explication est sûrement trop subtile pour qui est habitué au simplisme, à ne considérer dans la population que deux catégories : les hommes et les femmes, ou plus généralement les « travailleurs(euses) et les fainéants, fainéants dont on attend quand même qu’ils créent des emplois.

Le même jour dans l’émission de Stéphane Bern, une autre passionaria de la cause féminine transforme le 53 % d’électrices en : « 53 millions d’électrices, contre 50 millions d’électeurs »…

Jean Célestin, observateur terrestre
 

Pénombre, Octobre 2002