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(Monsieur) le compte est (trop) bon

Pierre Joxe, Premier président de la Cour des comptes, dans un entretien accordé au Journal du dimanche du 8 octobre 1995, a déclaré que les économies réalisables grâce à un meilleur contrôle global des comptes de la Sécurité sociale seraient « de plusieurs dizaines de milliards de francs, voire peut-être des centaines ! »(1) Les déclarations du Premier président gagneraient, peut-être, elles aussi, à être mieux contrôlées.

Il est vrai que les sommes en jeu sont considérables, les dépenses des différents régimes, selon la commission des comptes de la Sécurité sociale, ayant été en 1994 de 1768 milliards de francs, soit un montant équivalent à celui du budget de l’État sur le même exercice (1763 milliards).

Le déficit annuel a été estimé par la même commission à 56,4 milliards pour 1993 et 56 milliards pour 1994 (3,16%). Au lieu de faire payer les pauvres en augmentant le forfait hospitalier, pourquoi ne met-on pas en place les recommandations de la Cour de comptes et le déficit serait miraculeusement comblé, voire notre vénérable cinquantenaire produirait des excédents évitant ainsi tout débat de fond sur les objectifs de santé et la régulation du système dont profitent tant de situations acquises… ?

Jean-Paul Jean

 
1. « Des centaines de milliards de francs »… pour fixer les idées, le budget 1996 du ministère de la Justice (voté pourtant) en augmentation de 6,04% par rapport à la LFI 1995) est de 23,47 milliards de francs.

 
Pénombre, Décembre 1995