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Place aux jeunes

Dans une publication intitulée Faibles retraites et minimum vieillesse, Nicole Coëffic du ministère de l’Emploi et de la Solidarité a restreint le champ de son étude aux retraités âgés de plus de 65 ans.

En réaction à la dépêche AFP rapportant cet article, Jean-Pierre Haug (Lettre blance n°24, p. 9) remarque qu’il aurait été intéressant d’inclure les jeunes retraités ou préretraités : certains d’entre eux ont pu choisir de s’arrêter de travailler plus tôt parce que le montant de leur pension le leur permettait.

Ainsi, la proportion de faibles retraites serait moindre dans les générations plus récentes. Mais il faut effectivement qu’ils aient eu la chance de garder un emploi jusque-là. Sous certaines hypothèses, les retraités âgés de 55 à 64 ans ont en moyenne un niveau de vie inférieur aux retraités âgés de 65 à 69 ans 1. Cependant là encore il s’agit d’une moyenne, il faudrait étudier plus précisément la distribution de leurs revenus.

Quoi qu’il en soit, se limiter aux personnes âgées de plus de 65 ans présente au moins un avantage, celui d’être représentatif de l’ensemble (ou presque) des personnes d’une même classe d’âge. Parmi les retraités de plus de 65 ans, certains furent aussi, en leur temps, de jeunes retraités.

 

Biens (re)traités

Les indépendants ont opté pour un régime de retraite avec de faibles cotisations, ayant pour conséquence de faibles pensions. Tous pensaient probablement pouvoir économiser suffisamment durant leur vie active et vivre sur ce pécule durant leurs vieux jours. Malheureusement pour eux, l’âge de la retraite ayant sonné, tous ne sont pas devenus rentiers. Leurs revenus du patrimoine sont certes plus élevés que la moyenne, mais ils ne leur permettent pas de rejoindre, en termes de médiane, le niveau de vie des anciens salariés.

La présence de biens professionnels, évoquée par Jean-Pierre Haug, contribue à rendre très spécifique le profil du patrimoine global des non salariés. Lors du passage à la retraite, leur patrimoine total diminue très fortement : la chute de leur patrimoine professionnel n’est pas compensée par une augmentation équivalente des autres types de patrimoine. Une partie de leur capital est transmise à leurs enfants. Cependant, il semble que les non salariés ne se démunissent entièrement qu’exceptionnellement : ils effectuent des donations ou transmettent leurs biens lorsqu’ils disposent d’un surcroît de richesse par rapport à la fortune " normale " de leurs pairs 2. Altruistes, oui, mais pas trop.

 

Nathalie Blanpain

 
1. Chambaz, Hourriez, Legendre, Guillaumat-Tailliet, Le niveau de vie des retraités en 1994, Retraite et société, n° 28, 1999, CNAV.

2. Lollivier, Verger, Patrimoine des ménages : déterminants et disparités, Économie et Statistiques, n° 296-297, 1996.

 
Pénombre, Avril 2001