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Selon la préfecture de police, selon les organisateurs… selon Pénombre

Pour ceux qui n’auraient pas pu voir l’émission d’Arte sur le comptage des manifestants (Archimède, 9 avril 2002) à laquelle a participé Pénombre, voici en résumé de quoi il retourne.

Pénombre a été contactée depuis un certain temps déjà par Patrick Rebeaud, journaliste qui travaille pour Arte et particulièrement pour l’émission scientifique Archimède (mardi, 19 heures). Patrick voulait compter les participants d’une manifestation parisienne et comparer avec les chiffres, généralement opposés, de la préfecture et des organisateurs. Mais ce n’est pas simple. Il faut trouver un endroit élevé pour filmer le défilé, une rue pas trop large et pas trop passante pour ne pas rendre trop difficile le comptage et… il doit faire beau pour ne pas filmer une manifestation de parapluies.

Après plusieurs tentatives infructueuses, il a été décidé de filmer la manifestation des personnels de santé du jeudi 31 janvier, jour de ciel clair, et ce, à partir d’un balcon de sixième étage de la rue de Sèvres, voie qui a l’avantage d’être relativement étroite et peu empruntée par les piétons en temps ordinaire.

Il a été demandé ensuite à deux personnes sans contact entre elles de compter les manifestants, avec des instructions précises concernant la définition de la personne à compter, et la façon de compter, ceci par déroulement au ralenti du film. Ces personnes ont travaillé plus d’une journée. Leurs résultats ont été les suivants : 6 947 pour l’une, 7 006 pour l’autre. Une différence de 59 personnes parfaitement admissible vu la difficulté de la tâche (on devrait interdire les calicots… ça complique le comptage…) Bref 7 000 manifestants.

La préfecture de police, contactée auparavant, a envoyé un document sur sa méthode de comptage, d’où il ressort que pour les rassemblements de moyenne importance, elle compte les rangs, qu’elle multiplie par le nombre moyen de personnes par rang. Mais qu’est ce qu’une manifestation moyenne ? La nôtre en était-elle une ? Si c’était le cas les rangs en question étaient incomptables, car les manifestants ne sont pas très disciplinés (Là aussi, il faut faire quelque chose). Pour les grandes elle compte la surface occupée au sol et multiplie par un nombre moyen de manifestant au mètre carré. Cela étant, elle obtient 5 700. C’est « manifestement » sous-évalué. Défaut de méthode ou…

Et les chiffres des manifestants ? Durant le défilé les principaux responsables parlent de plus de 10 000 voire de 11 000 à 12 000. Mais plus surprenant, à la fin de la manif, ils donnent à l’AFP une fourchette de 5 000 à 8 000, fourchette reprise par la presse. 8 000 est certes un peu exagéré, mais la moyenne de cette fourchette, 6 500, est trop faible, bien que moins loin de la vérité que la PP.

Le document de la PP dit également que le nombre de manifestants au mètre carré varie entre 0,2 et 0,8. Nous avons là aussi voulu en avoir le cœur net. C’est pourquoi nous avons installé au travers de la rue une bâche avec 20 carrés d’un mètre sur un mètre et compté ensuite les manifestants sur cette surface toutes les 30 secondes. On aboutit à 0,6 ce qui est dans la fourchette.

Ce chiffre comme les précédents n’est valable que pour cette manif et à son propos comme à ceux des précédents il ne faut tirer de conclusion générale. Mais l’expérience était intéressante.

 
 
Pénombre, Juillet 2002