Pénombre, la vie publique du nombre

Singuliers pluriels

Un titre du Monde (27-9-2002) me tire l’œil : « La culture repasse sous les 1 % ». (Il s’agit du budget de ce ministère, rapporté à celui de l’État.) Ça me rappelle quand j’étais petite fille : au début, mes parents me donnaient 1 franc par semaine et, quand ils oubliaient, je ne manquais pas de réclamer « mes un franc ». De même, pour fêter « ses un an » mon petit frère a soufflé son unique bougie (je l’ai un peu aidé).

Plus tard, devenue grande, je conduisais une deux-chevaux. Si elle ne rivalisait pas avec un 4x4, du moins supplantait-elle un deux-roues : masculin singulier fait d’un féminin pluriel qui tentait en vain de faire la nique à ma deux-chevaux, féminin singulier fait d’un masculin pluriel.

Sur la plage, j’avais un sage deux-pièces et, si j’avais faim, je pouvais manger un quatre-quarts : mais pas en entier !

C’est compliqué, le français. Comment voulez-vous que les étrangers s’y retrouvent !

Mélanie Leclair, jeune statisticienne

 
Pénombre, Octobre 2002