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Potentiel de croissance

Nous n’avons guère entendu le moindre remerciement adressé aux ingénieurs de la DDE qui ont construit les ronds-points sur lesquels campent les « Gilets jaunes ». Pour la petite histoire, c’est en 1984 que la France est passée du giratoire avec priorité à droite – qui était inscrite dans les textes législatifs – au giratoire avec priorité à gauche appelé rond-point... 

Qui ne s’est pas moqué du nombre sans cesse croissant de ces ronds-points ? Selon le Figaro du 28 décembre 2017, « avec un nombre de ronds-points estimé entre 40 000 et 50 000, la France est championne du monde dans ce domaine ». Giratoire ? D’accord, on tourne autour. Mais, au milieu, on fait quoi ? Quelle que soit la taille du rond-point, il offre un lieu d’aménagement possible. Chaque rond-point est une opportunité pour installer un coin de verdure dans l’espace urbain. Les moqueries se sont d’ailleurs déployées concernant la créativité des maires pour l’aménagement de ces espaces vides et l’association Contribuables Associés a même lancé un concours des pires ronds-points de France en début d’année 2017. Nul doute que les photos prises en ce mois de décembre 2018 vont renouveler la galerie.

Aujourd’hui, il existerait en France quelque 65 000 ronds-points et giratoires, les « Gilets jaunes », eux, ne faisant guère la distinction entre les deux, et d’autant qu’au paroxysme des blocages, personne n’avait plus la priorité. Tous n’ont pas été occupés, peut-être 2000 ont été des lieux de sédentarisation plus ou moins durable. C’est dire le potentiel de développement qu’on peut imaginer. En tenant compte d’une grande variété de configurations, l’ensemble des ronds points et giratoires pourrait offrir une capacité d’accueil de un à deux millions de personnes et trois fois plus en adoptant un aménagement du temps d’occupation en trois-huit.

Comptabiliser précisément les manifestants – à l’unité près comme on l’a vu – deviendrait alors difficile, mais on devrait pouvoir y arriver. Car 250 000 gendarmes et policiers au total, ça en fait 3 en gros par rond point et par jour, en respectant deux jours de repos individuel par semaine. Comme quoi le crowd-counting, c’est pas si sorcier que ça.

Béatrice Beaufils et Daniel Cote-Colisson