--

Edito

"Ce qui importe en ce genre de composition, c’est uniquement que les différentes masses soient significatives et bien claires, alors que l’ensemble demeure en tant que tel incommensurable, mais que pour cette raison même, comme un problème non résolu, il incite sans cesse les gens à le considérer de nouveau."

Goethe, 1831.

DATA, BIG DATA ! Pénombre ne pouvait pas rester insensible à la multiplication des couvertures de magazines consacrées à ces données dont le volume serait de nature à changer complètement la donne. Tous les métiers du nombre seraient donc contraints de suivre une révolution en cours !
Dans la dernière Lettre grise, le lecteur était invité à réfléchir sur ceci : « les données ne sont pas données ». Pour les comprendre, il faut savoir ce qu’il y a en amont. Mais aujourd’hui, selon les explications des data scientists (ce terme n’appelle pas plus de traduction que smartphone) les capacités de stockage et la puissance des traitements numériques feraient accéder au statut de « données » toutes (absolument toutes) les informations collectées sur internet, lors des communications téléphoniques, à l’occasion des passages au travers de tous les dispositifs électroniques (caisses, péages, portillons, lecteurs de cartes…). Ces data dont la collecte ne coûterait pratiquement plus rien sont devenues ou deviendront de l’or pour ceux qui sauront en tirer parti.
L’engouement pour le big data suit l’apparition d’une nouvelle méthode de diffusion des données dite open data rendant accessibles des données produites par des organismes publics, pratiquement sans conditions, sur des portails internet. Les deux ne se confondent pas mais les recouvrements d’intérêts et de préoccupations sont importants.
Initialement soucieux des conséquences de l’open data et de la mise à disposition du public de fichiers de données numériques relativement peu documentés quant à leur pertinence et leur méthodologie, quelques pénombriens ont décidé de constituer un « groupe de travail » qui a commencé l’exploration concrète des domaines où les grosses bases de données ont déjà des applications visibles : publicité, marketing, transports, santé, météo…
Le nombre, cet objet de notre préoccupation constante, n’est pas toujours présent en première ligne. Mais il n’est jamais loin et ce qui motive nos réflexions et critiques à propos des nombres est bien là. La première urgence est de comprendre ce que la production et l’utilisation des données individuelles engendre pour les citoyens en termes d’avantages et de risques. La possibilité pour chacun de savoir ce qui se joue avec ces traitements de données, derrière la technicité des termes et des explications des spécialistes, n’est pas acquise. L’ouverture peut alors se transformer en opacité : du big data au trou noir !
Le sujet vous intéresse ? N’attendez pas une éventuelle nocturne bigopendata pour vous manifester.

JPEG