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Questions sexy

L’Observatoire des parents d’élèves de l’enseignement public (OPEEP) publie, depuis 1996, une enquête téléphonique semestrielle sur les opinions des parents d’élèves âgés de 4 à 20 ans. L’exercice d’août 2000 porte sur l’enseignement, la sécurité à l’école, le rôle et la place de l’école, notamment relativement à la sexualité des mineurs. L’échantillon est présenté comme " représentatif de la population française en termes de région et d’habitat ", ni la méthode d’échantillonnage ni le recours à un redressement ne sont précisés. L’Observatoire prend le parti, acceptable, de ne donner les taux de non réponse (ou " Ne sait pas ") que lorsqu’ils sont significatifs (entendons significativement différents de zéro). Ainsi, sur la question de la satisfaction ressentie à l’égard de l’éducation à la sexualité peut-on lire un taux de non réponse de 27 %, qualifié de " fait notoire ", sans autre commentaire, si ce n’est que les parents sont, dès lors, jugés " perplexes ". Lors des enquêtes téléphoniques, les consignes données aux enquêteurs par les instituts de sondage pour la relance en cas d’hésitation du répondant sont, le plus souvent, d’insister jusqu’à ce que ce dernier opte pour une modalité pré-établie. On ne peut dès lors que s’étonner de l’importance de ce taux. Il suffit pourtant de regarder l’intitulé de la question et des modalités pour comprendre :

Concernant l’éducation à la sexualité qui est menée dès la quatrième, estimez-vous qu’elle est :

 - Tout à fait satisfaisante : 8 %

 - Assez satisfaisante : 31 %

 - Pas très satisfaisante : 24 %

 - Pas du tout satisfaisante : 6 %

 - Inexistante : 4 %

 - Ne sait pas : 27 %

 

Perplexes

L’enquête interroge sur la satisfaction sans jamais se préoccuper de la légitimité, qui est pourtant un point essentiel sur ce sujet. Il est ici très vraisemblable que certains parents, parmi ces non répondants, sont tout bonnement opposés à l’éducation sexuelle en milieu scolaire, ou même simplement au fait qu’elle soit dispensée dès la quatrième. Une question sur l’opportunité d’une éducation sexuelle au collège aurait sans doute permis à ceux qui y sont opposés de donner leur avis plus explicitement.

Même sans poser d’autre question, peut-être aurait-il suffit de croiser cette variable avec le seul autre item de l’enquête portant sur la place de l’école relativement à la sexualité des mineurs (actuellement, la délivrance par les infirmières des collèges et lycées de la pilule du lendemain à des mineures sans le consentement parental fait l’objet de débats. Vous-même, y êtes-vous favorable ?) pour découvrir que le profil de ces non répondants était particulier ? Peut-être aussi certains de ces individus " perplexes " le sont-ils parce que leur enfant n’a pas encore atteint un niveau scolaire au sein duquel l’éducation à la sexualité est abordée et qu’ils ne se sentent de fait pas capables de porter un jugement sur ce sujet ? Cette hypothèse était également vérifiable avec les données recueillies.

François Beck

 
Pénombre, Avril 2001