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Editorial

"Le vrai mystère du monde est le visible et non l’invisible."
Oscar Wilde, Le portrait de Dorian Gray
 

Pour ce premier numéro du millénaire (?), du siècle (?), de l’année en tous cas, qui voit le dessinateur Loup nous rejoindre, Pénombre prend des risques cal-culés en traitant en dossier central la question du calcul du risque. Nous avions déjà abordé ce thème il y a trois ans à travers un long entretien avec l’un des pères de l’épidémiologie Daniel Schwartz, qui nous fait le plaisir à nouveau de participer à nos échanges. Est présenté ici le débat tel qu’il se pose à ceux qui ont à gérer les risques sanitaires, responsables (de la décision et de ses conséquences) politiques et administratifs, parents, à propos de la vaccination des enfants contre l’hépatite, sous la pression constante et souvent contradictoire des médias. Le risque du cancer, ceux liés à la consommation d’alcool ou (et) de tabac sont aussi mesurés avec nos outils d’ artisans.

Même parfaitement calculé, le risque est toujours relatif, comme l’est toute vérité statistique. L’une pourtant saute aux yeux, la sur-représentation des analyses de Pénombre fondées sur des articles du Monde. Faisons un peu d’autocritique. Cela est dû simplement à ce que nos rédacteurs, (trop) souvent parisiens, lisent, voire épluchent le quotidien de référence, pourtant parmi les plus rigoureux sur l’information chiffrée. Pour le reste, nous vous invitons, chiffres à l’appui, à voyager au centre du monde, à manifester contre les patrons, à aller au théâtre, à relire les évangiles et le code civil, à défendre les vieilles dames, à écouter des enfants dans leur désir d’ apprendre, à critiquer le tout-automobile. Permettez-nous de nous sentir à la fois de moins en moins dans l’air du temps et de plus en plus actuels… 

 
Pénombre, Mars 2000