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Editorial : Le triangle du Cor était-il audible derrière les instruments à vent ?

Abandonnés à eux-mêmes, les chiffres sont de petits morceaux de mort.
Sans cesse il faut les éclairer par des mots.
Sinon, ils vous entraînent dans leur silence.

Erik Orsenna, Madame Bâ

 
NOUS ETIONS nonante à cette neuvième Nocturne de Pénombre, réunis pour évoquer l’usage des nombres lors de la réforme des retraites. Parti de scénarios chiffrés proposés par les experts pour délimiter les choix possibles, le débat du printemps 2003 avait dérivé vers un affrontement d’opinions. Qui dit opinion, dit sondages, coucou ! nous revoilà… Avec la complicité d’une bonne part des médias, la baisse progressive du nombre des manifestants de la mi-mai à la mi-juin était considérée comme un argument numérique aussi probant que les hiffres des démographes et des économistes. L’examen des milliers d’amendements déposés par ’opposition au Parlement n’était plus qu’une question de patience. Puis vint la canicule.

Lors de la Nocturne, après le rappel du cadrage chiffré de l’évolution des régimes de retraites, mené alertement au son du Cor, les points de vue s’exprimèrent, parfois se heurtèrent : l’expert, le journaliste, ses lecteurs, le négociateur, ses contradicteurs… Les prévisions démographiques furent mises en doute par certains, le démographe se défendit vaillamment, une casquette syndicale commença à s’afficher, le président toléra cette entorse au règlement interdisant le port nocturne de la casquette, les économistes se firent discrets après les questions insidieuses posées sur la taille du gâteau à partager en 2040…

Tout ceci pour dire finalement qu’une Nocturne, ça ne se raconte pas vraiment, mais que pensant à ceux qui n’ont pas pu venir (ou pas voulu, sans rancune !), les organisateurs n’ont pas raccroché leur tablier et préparent une Lettre grise à leur intention. Malheureusement sans le son du clairon qui, à l’heure voulue, sonna la retraite (aux flambeaux), celle-ci se réalisant en bon ordre vers le cocktail offert aux noctambuliens.

Lesquels furent soumis au préalable à un test de QI (quantitative inclination) : il s’agissait de retrouver la signification de quelques nombres pouvant devenir les chiffres clés du débat sur l’assurance maladie :

 - 1 690 166 - 2 580
 - 346 300 000 000 - + 5 %
 - 10 600 000 000 - 8 500

En attendant la solution dans la Lettre grise, sauriez-vous répondre ?

Pour la plupart de ces nombres, la réponse exacte fut donnée dans la salle ! Preuve que notre invitation à suivre activement dès leur début les discussions portant sur la réforme du financement des dépenses de santé avait été entendue. Ou, qu’il y avait quelques experts à l’affût. Rendez-vous était donc pris pour une nouvelle Nocturne à l’été.

Avec une préparation intense à laquelle tous les Pénombriens peuvent participer : réunions mensuelles, observation du nombre dans les médias, réflexions écrites adressées à la rédaction, ne manquez pas ces occasions d’implication dans la vie de l’association.
 

 

 
Pénombre, Mars 2004