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Le loto de Tino

Le Journal de la Corse (22 au 28 septembre 2000) publie un court article qui perplexifie mon sens logique. Sous le titre “À qui joue gagne”, on lit ceci : “En 1998, [les Corses] ont misé [au loto] 15,30 F par semaine alors que la moyenne nationale est de 13 F. Apparemment, ça a payé : 21 813 395 F ont été gagnés à Bastia et 19 090 455 F à Ghisonaccia en 1992, 10 625 215 F à Porto-Vecchio en 1997 et 12 186 495 F à Ajaccio en 1999.”

La population de l’Île se monte à quelque 260 000 personnes. À raison de 15 F chaque, ça fait à peu près 4 millions par semaine qui sont misés. Mettons même que les Corses ne désigne en fait que les adultes susceptibles de jouer. Allez ! rabattons la moitié. Ça laisse encore 2 MF par semaine, soit 100 MF dans l’année 1998. Apparemment le journaliste ne signale aucun gain cette année là : ça ne paraît pas vraiment payant...

Plus intéressant, à en croire l’article, des gains de 92 sont à rapporter aux mises de 98. Vous voyez ça : vous prenez votre petit déj tranquille ; coup de sonnette ; on vient vous annoncer que vous avez gagné 20 millions ; sans que vous ayez encore jamais joué au loto. Seule contrepartie : on vous demande de miser 15 francs par semaine durant toute une année six ans plus tard. Intéressant, non ?

Et, ce n’est pas fini : si vous aviez misé tout au long de 98 sans rien gagner, rien n’est encore perdu. Vous pouvez encore recevoir une douzaine de briques en 99.

Mais, je prends peut-être trop l’article au pied du chiffre ? La loterie à remonter le temps n’est pas encore inventée. Il faut comprendre que les gains qu’on nous liste ici échelonnés sur huit ans (et qui totalisent 63,7 millions) correspondent à une habitude de jeu maintenue sur toute cette période. Nous ne savons pas les montants misés les autres années, mais pour avoir un ordre de grandeur supposons que les 15 F par semaine restent valables tout au long. Les Corses auraient alors engagé en tout 800 millions. Pour en retirer 63. Ça c’est du rendement. Comme dit le slogan, “c’est très amusant…”.

Ou le journaliste a mal raconté son histoire ou mes facultés défaillent. Aidez-moi.

Mélanie Leclair

 
Pénombre, Janvier 2001