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Editorial

On peut présager une nuit noire à la couleur du crépuscule.
Proverbe kurde,
d’après Kamuran Bédir Khan

 
DANS certains sports tels que le volley-ball, le tennis ou le ping-pong, la victoire n’est acquise que s’il y a au moins deux points d’écart. Même si, pour éviter que la compétition ne s’éternise, on a parfois inventé divers procédés de taille-brèque ou “mort subite”. Lorsque le résultat d’une élection se tient dans un mouchoir, a fortiori dans un confetti, un statisticien dirait que le résultat n’est pas significatif.

Le nouveau président des États-Unis n’aura pas plus de légitimité représentative que s’il avait été désigné à pile ou face. D’autant que l’insignifiante majorité qu’il est censé avoir obtenue ne se compte que sur un tiers de son corps électoral.

Mais ceci n’est encore rien. Vu l’influence considérable de ce grand pays sur l’ensemble des peuples du monde, la plupart des gens concernés par le résultat de cette élection n’auront pas même été invités à voter.

Un tel déni du nombre aurait justifié un numéro spécial sur le chiffre et la démocratie. Mais nous avions déjà d’autres chiffres sur le feu, d’autres recettes à vous proposer.

Nous adressons au lecteur tous nos vœux, et formons celui de voir s’accroître le nombre d’auteurs dans cette lettre, qu’ils nous parlent de sport ou d’élection, de bataille de chiffres ou de chiffres en bataille.

 
Pénombre, Janvier 2001