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Editorial

Me lumen, vos umbra regit
Moi, la lumière me régit, vous, c’est l’ombre.

Devise de cadran soleire
 

L’association de la morale et de la statistique m’a toujours paru délicate. Je veux parler ici de l’usage des chiffres dans le domaine de la délinquance. Le bien et le mal ne me semblent en rien concernés par le plus et le moins. C’est un point que j’ai souvent discuté avec mes amis, les collaborateurs de Pénombre, sans jamais réussir, je n’ose dire à les convaincre, mais à faire sentir le fond de ma pensée. Je n’arrive pas à me faire à l’idée que l’on puisse mesurer certaines choses. Je me souviens encore des réunions de fondation de Pénombre, et de cette haplologie - pénal nombre - pour le nom de la revue, qui me gênait. Mais nous finissions toujours pas tomber d’accord sur la pénombre, les délices de la pénombre où flottent des brumes de vérité.

Ainsi bien malin qui établira un rapport entre les comptes que l’on tient (mal) et l’appréciation de la culpabilité des "décideurs publics". J’y verrais quant à moi une résurgence du débat sur la grâce, si nos élus étaient des saints.

L’on me souffle que le prochain numéro poursuivra le crime, car nous sommes loin d’avoir épuisé le sujet et, souhaitons-le, le lecteur.

Les questions de vocabulaire sont toujours fondamentales, et je dirais indissociables d’une analyse chiffrée, comme on le lira dans le texte sur la "précarité". Le chiffre, après tout, est aussi le codage d’un mot.

Clara Halbschatten
(sollicitée pour un commentaire sur le n° 22,
propos recueillis par la rédaction)
 

 
Pénombre, Juin 2000